Jean Giono - Le Moulin de Pologne


Jean Giono est un auteur inspiré ayant publié de nombreux romans pendant les presque cinquante ans que dura sa carrière littéraire. Il fait partie de ces écrivains ayant su créer un univers personnel tout en sachant se renouveler au fil de ses publications.

Ses œuvres de jeunesse, Colline ou Un de Baumugnes, ainsi que ses romans de la maturité, parmi lesquels se détache Le Hussard sur le Toit, ont rencontré un succès critique et public en faisant un écrivain majeur du XXème siècle.

J'avais découvert, comme bien d'autres, l'univers de Jean Giono en cours de Français, et je dois bien avouer ne pas avoir été séduit par ces lectures scolaires. Il est vrai que le cadre des études n'est pas le plus favorable pour apprécier la littérature.

Ce n'est que bien plus tard, un peu par hasard, que j'ai eu l'envie d'ouvrir un de ses romans. Bien m'en a pris, car c'est avec plaisir que j'ai retrouvé ce monde provençal dans lequel les plus beaux paysages servent de décor à des histoires souvent sombres.

Le Moulin de Pologne

Peut-on jouer avec le destin ? La lecture d'un roman peut amener à se questionner, parfois plus efficacement que l'étude d'un texte philosophique.

Comme souvent, j'avais abordé le Moulin de Pologne sans en connaître le sujet. Je cherchais un facile divertissement, une plongée dans le sud pour m'égayer l'esprit. J'imaginais Jean Giono peignant la Provence avec ses mots, la lecture d'un de ses livres correspondait à mon envie du moment.


Un père, deux filles aimées, surprotégées, et, à cause de cela, paradoxalement exposées à de grands dangers pour conjurer le mauvais sort. Une histoire originale et la curiosité d'aller à la rencontre d'un auteur qu'alors je ne connaissais que peu m'ont attiré vers Le Moulin de Pologne.

Ce roman, admirablement écrit comme toute l'œuvre de Jean Giono, se lit agréablement, et, sitôt refermé, donne à réfléchir.

Si vivre dans la crainte de l'accident fatal ne l'empêche pas de survenir, cela empêche certainement de vivre. Tandis qu'une prudence raisonnable permet de survivre, une extrême prudence ne peut conduire qu'à la désolation.

En relisant la quatrième de couverture du Moulin de Pologne, je me rends compte que d'autres grilles de lecture de ce livre de Jean Giono sont possibles. Mais seule la confrontation entre une famille et son destin, qu'elle provoque en voulant l'empêcher d'advenir, est restée dans ma mémoire.

Un Roi sans Divertissement

Si j'ai vu la version cinématographique d'Un Roi sans Divertissement, je n'ai pas encore lu le livre. Peut-être ne le ferai-je d'ailleurs jamais. Quoi qu'il en soit, je garde un excellent souvenir de ce film adapté par Jean Giono d'après son propre roman.

La neige étouffe les bruits, supprime tout relief, cette histoire d'hommes qui s'ennuient se déroule dans un univers surréaliste, ou plus exactement hors du monde commun des humains. Il n'aura pas été nécessaire d'imaginer un voyage vers une autre planète, il aura suffi à Jean Giono de situer son action pendant l'hiver, ou plutôt pendant des hivers consécutifs.

À chacun son divertissement. S'abrutir devant la télévision ou vider le réfrigérateur, ou les deux en même temps, sont des occupations bien innocentes par rapport à celles des héros d'Un Roi sans Divertissement. Eux préfèrent tuer hommes et bêtes, et finissent par se tuer pour échapper à cette distraction. N'est-ce pas cela qui s'appelle mourir d'ennui ?

En repensant à ce film, ce sont la mélodie, puis les paroles de la chanson écrite par Jacques Brel pour l'accompagner, "Pourquoi faut-il que les hommes s'ennuient ?", qui me sont revenues en mémoire, avant même le scénario, le cadre ou les personnages. Son rythme lent convient parfaitement à cette histoire semblant se dérouler dans l'immobilité.

Une petite anecdote pour conclure. La voix de Claude Giraud, qui interprète le Capitaine Langlois, est bien connue du jeune public. Dans la version française de la saga Harry Potter, c'est en effet celle du Professeur Rogue.