Vacances au ski

On entend souvent l'expression "vacances au ski" à la place de "vacances à la montagne", l'activité pratiquée prenant le pas sur le lieu de séjour.

Tout pour le ski

Il est vrai que si la destination choisie est une ville artificiellement construite en altitude par alignement de résidences sans caractère, sa localisation et son nom n'ont guère d'importance.

Seules comptent alors la longueur des pistes et le nombre de remontées mécaniques, celles-ci étant de préférence à forte capacité et à vitesse rapide pour assurer un meilleur débit.

Reconnaissons toutefois que lorsque les températures sont particulièrement basses, arriver au plus vite à destination ne présente pas que des inconvénients. Les télésièges anciens, non débrayables et lents de ma petite station de ski préférée permettent certes de bien observer le paysage, mais en février et à trois mille mètres d'altitude ils ont surtout pour effet de congeler le skieur imprudent sortant sans ses deux couches de pulls polaires.

Par contre, les skieurs de certaines stations optimisées pour la glisse au détriment de la conservation du patrimoine naturel n'ont pas le temps de ressentir le froid. Il leur faut avant tout rentabiliser leur forfait qui n'est pas bon marché et accéder au plus vite au haut des pistes pour les redescendre sans perte de temps. Peu importe si l'observation du paysage n'est pas facilitée par la vitesse, celui-ci étant défiguré par les immeubles et les remontées, il n'y a pas grand chose à contempler.

Vacances à …

Cependant, une certaine catégorie de skieurs n'emploie aucune des deux expressions citées au début de ce billet. Ceux qui se rendent dans une station huppée, aussi connue pour ses boutiques luxueuses et ses hôtels de grand standing que pour la qualité de son domaine skiable, ne manquent pas de dire "je vais à StationChic", le plaisir de cette annonce faite aux collègues et amis surpassant celui ressenti en descendant les pistes.

Socialement, il est très utile d'avoir fréquenté au moins une fois une de ces stations, afin de pouvoir glisser son nom négligemment dans la conversation, quand bien même on n'y a pas mis les pieds depuis plus de dix ans.

Mon village de montagne idéal

À ces complexes de loisir en altitude, je préfère les petites stations de charme, avec un domaine skiable à l'ancienne harmonieusement intégré dans les paysages montagneux.

Les pistes serpentant parmi les arbres me plaisent plus que les boulevards trop damés actuellement à la mode. L'adaptation de la piste au relief me semble ainsi préférable à celle du relief à la piste.

Une fois redescendu au village, le chalet de quelques appartements me convient mieux que les cages empilées dans des immeubles n'ayant rien à envier à ceux des villes. Par ailleurs, je préfère pouvoir profiter de la présence de commerces de bouche de qualité plutôt que de discothèques et de cinémas.

Des pistes devenues trop faciles

Ma station de prédilection n'échappe cependant pas à la mode des pistes damées à l'excès. Certes, elles sont ainsi plus faciles à descendre par la majorité des skieurs, mais manquent de charme. Ces pistes ne sont plus abordées comme une aventure mais comme un couloir de métro qu'il importe de franchir au plus vite.

Pour le bonheur des meilleurs skieurs, quelques pistes noires sont laissées "en l'état". Le skieur moyen comme moi n'a donc plus le choix qu'entre les autoroutes plutôt faciles car sans difficulté autre que leur pente, y compris celles qui sont classées en rouge, et les pistes inabordables car combinant forte déclivité et nombreuses bosses.

À chacun ses vacances au ski

Tous les goûts sont dans la nature et, heureusement, villages traditionnels et stations modernes sont en nombre suffisant pour que chacun puisse trouver la destination de ses rêves.

Encore faut-il qu'il y ait de la neige, ce qui n'est pas garanti en fin de saison. S'il fallait ne retenir qu'un avantage à la modernité, ce serait l'apparition des canons à neige, qui permettent aux pistes assurant le retour à la station de rester ouvertes et praticables jusqu'au printemps.

En acceptant une neige moins agréable pour la glisse, on peut ainsi profiter des plaisirs des sports d'hiver en avril, en bénéficiant de températures plus douces et de journées plus longues qu'en février.